Revue de Presse Miss Curvy

Aurélie Gruss est devenue la porte-drapeau local des rondes qui s’assument. Les critiques et les cases doivent devenir du passé.

Je suis à l’aise avec mes formes ! » Aurélie Gruss a 36 ans, et c’est une Châlonnaise qui a cassé les codes et les clichés. Elle a fait de son poids sa force, au-delà des moqueries et des cases à laquelle la société a voulu l’associer. « J’ai toujours été ronde, l’école primaire et le collège ont été des périodes difficiles. Dans les groupes il y avait toujours la belle, le beau, l’intelligent. Et moi j’étais la «bouboule» de la bande, raconte la jeune femme. C’est un cercle vicieux, on se moque de vous et on mange pour se consoler, puis on s’enfonce là-dedans. »

«Faut pas s’étonner d’être grosse quand on ne s’arrête pas de bouffer»

Un passant s’adressant à Aurélie

Une remarque est restée. Aux alentours de sa vingtième année, la Châlonnaise était partie s’acheter une part de flan, « mon péché mignon », en plaisante-elle, avant d’effectuer une heure de conduite dans son auto-école. Un passant l’a alors interpellée en la voyant la manger : « Faut pas s’étonner d’être grosse quand on ne s’arrête pas de bouffer » s’était-il permis de dire sèchement à Aurélie. Mais en grandissant, chacun évolue, la jeune fille est devenue une femme et les moqueries se sont estompées. En 2014, Aurélie est Miss Curvy Champagne-Ardenne, une élection organisée sur le même principe que Miss France mais pour s’inscrire, il faut faire au minimum la taille 42.

« On voit que la mentalité change et évolue. Les personnes comprennent aussi qu’avoir des rondeurs, ce n’est pas que le côté malbouffe. Il y a des maladies mais aussi des prises de poids suite à la grossesse », explique la présidente de l’association Miss Curvy Champagne-Ardenne. Son élection en 2014 a été un vrai déclic. « Je me suis dis, quels sont les critères de perfection ? Finalement il n’y en a aucun car on est toujours trop gros, trop maigre, trop grand, trop petit. Et puis ce n’est pas un frein, je vais à la salle de sport et à la piscine », ajoute-t-elle.

Un problème persiste malgré tout : la partie vestimentaire, qui laisse à désirer et catégorise très largement. « J’ai énormément de mal à m’habiller. Pas que sur Châlons mais partout. À partir du 46, 48, on passe dans une autre catégorie. Il y a les hommes, les femmes, et les grandes tailles. Parfois les vêtements c’est : un rectangle avec un trou pour la tête, deux pour les bras », en sourit quand même Aurélie Gruss. Cette dernière dit fonctionner beaucoup avec Internet, « même si on ne peut pas essayer donc ça reste compliqué ». Elle parvient à trouver quelques belles pièces chez MS Mode à Épernay.

«Parfois, pour les vêtements c’est un rectangle avec un trou pour la tête, deux pour les bras»

Aurélie Gruss

Celle qui travaille dans la comptabilité a même eu un effet inattendu en perdant du poids. Entre 2012 et 2014, le chiffre sur la balance a diminué de 40 kilos et son compagnon s’est inquiété de la voir changer, ainsi que pour les compliments reçus sur Facebook à la suite de son élection de Miss Curvy. Bien dans ses baskets, Aurélie n’a qu’une seule requête : ne pas retourner au collège. Dans la vie active, plus rien ne peut l’arrêter.

Alexandre Delfau – L’Union –